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Remarques sur les k ((X ))-algèbres de Banach. Bertin Diarra Dédié à la mémoire de J.B. COFFI N’KETSIA Abstract Let k be a field and K = k((X)) be the field of formal Laurent series over k. Let A be an ultrametric Banach K-algebra; taking appropriated equivalent norm on A, we show that A is obtained by a deformation of the residual k-algebra of A for this norm; given a deformation of a k-algebra, the reverse construction is obvious. The same facts remain true for ultrametric complete Hopf algebras over K. One can prove similar results for ultrametric Banach Lie algebras over K..... INTRODUCTION Soit K un corps de valuation discrète complet, de même caractéristique que son corps résiduel k. On sait que K est isomorphe, donc peut s’identifier, au corps des séries formelles de Laurent k((X)). Soit A un K-espace de Banach ultramétrique tel que kAk ⊂ |K|. Considérons A0 ( resp. A1 ) la boule unité ”fermée” (resp.”ouverte”) de A; alors A contient un sous k-espace vectoriel discret R isomorphe à A0/A1 et A est isométriquement isomorphe à l’espace R((X)) des séries de Laurent à coefficients dans R. Si de plus A est une algèbre de Banach unitaire, alors A0 est une sous-k-algèbre de A et A1 est un idéal bilatère de A0. Ainsi A0/A1 est une k-algèbre unitaire et par transport de structure, on a une structure de k-algèbre sur R. Nous allons montrer que la théorie Received by the editors May 1994 Communicated by J. Van Geel AMS Mathematics Subject Classification : 12 J 25, 13 J 05, 16 S 80, 46 H 99, 46 S 10. Keywords : Formal Laurent series, Banach algebras, deformation of algebras. Bull. Belg. Math. Soc. 2 (1995), 241–?? 242 B. Diarra des algèbres de Banach unitaires sur K est équivalente à la théorie des déformations de k-algèbres unitaires. 1 Espaces de Banach sur k((X)) 1.1 Bases orthogonales Soit K un corps de valuation discrète complet, d’uniformisante π. Si ν : K → ZZ ∪ {+∞} est la valuation de K, on a sur K la valeur absolue |a| = |π|ν(a), |π| < 1 et |K ∗| = {|π|n , n ∈ ZZ}. On désigne par Λ = {a ∈ K/|a| ≤ 1} (respM = πΛ) l’anneau de valuation de K(resp. l’idéal maximal de Λ) et on pose k = Λ/M le corps résiduel de K. Soit E un K-espace de Banach ultramétrique de norme k k. Posons pour x ∈ E, |||x||| = Inf { |π |n / k x k ≤ |π |n , n ∈ ZZ}. On obtient ainsi sur E une norme ultramétrique telle que |||E||| ⊂ |K| et |π| |||x||| < kxk ≤ |||x|||. Remarque 1 : (i) Les normes k k et ||| ||| sont égales lorsque kEk ⊂ |K| + n (ii) Si l’on désigne par B + les boules fermées, on a Bk+ k (0, |π|n ) = B||| ||| (0, |π| ), n ∈ ZZ Soient E0 = {x ∈ E/|||x||| ≤ 1} et E1 = {x ∈ E/|||x||| < 1}, on a E1 = πE0; E0 est un Λ-module et W = E0 /E1 est un k-espace vectoriel . Le Lemme suivant est bien connu (cf. par exemple [1],[4] ou [6] ). Lemme 1 : Soit (j )j∈I une base du k-espace vectoriel W = E0 /E1 . Considérons (ej )j∈I ⊂ E telle que ej = j , j ∈ I. X Alors tout x ∈ E s’écrit de façon unique x = λj ej , λj ∈ K, lim λj = 0 et j j∈I |||x||| = Sup |λj |. En particulier |π|Sup|λj | < kxk ≤ Sup|λj | j∈I Démonstration Soit x ∈ E, x 6= 0; on a |||x||| = |π|n , donc |||π −n x|||X= 1. On peut alors λj0 j0 avec λj0 ∈ Λ. supposer x ∈ E0 avec |||x||| = 1. Ainsi, dans W , on a x = Posons x0 = X j0 ∈J0 λj0 ej0 on a x = x0 et |||x||| = 1 = |||x0||| = max |λj0 |. Ou j0 ∈J0 j0 ∈J0 bien x = x0 , ou bien |||x − x0 ||| = |π|n1 , n1 ≥ 1, c’est-à-dire x = x0 + π n1 x1 avec |||x1||| = 1. Par récurrrence, on obtient x = q X ν=0 π nν xν + π nq+1 xq+1 avec pour Remarques sur les k((X))-algèbres de Banach. 0 ≤ ν ≤ q, xν = x = X X 243 λjν ejν , λjν ∈ Λ et Jν fini; n0 = 0, nν < nν+1 . Il vient que jν ∈Jν π nν xν . On en déduit aussitôt que x = X X π nν λjν ejν = ν≥0 jν ∈Jν ν≥0 X λj ej avec j∈I lim λj = 0 et |||x||| = 1 = Sup |λj |. j j∈I Appliquant le Lemme 1 au cas où K = k((X)) est le corps des séries formelles de Laurent à coefficients dans le corps k et où E est un k((X))-espace de Banach ultramétrique, on voit que le sous-k-espace vectoriel V de E engengré par (ej )j∈I est X isomorphe à W = E0 /E1 . De plus tout X x ∈ E s’écrit de façon unique x = n X · vn , n0 ∈ ZZ, vn ∈ V et E0 = {x = X n · vn , vn ∈ V }. n≥n0 n≥0 Réciproquement, soit V un k-espace vectoriel. Posons V ((X)) = {y = (vn )n∈ZZ ⊂ V/ ∃n◦ ∈ ZZ et vn = 0, pour n < n◦ }. C’est un k-espace vectoriel. Si l’on pose pour y ∈ V ((X)), ord(y) = Inf{n ∈ ZZ/vn 6= 0} et |y| = |X|ord(y) , on a |y1 + y2 | ≤ max(|y1|, |y2 |) et |λy| = |y| pour λ ∈ k, λ 6= 0. On voit que V ((X)) est un groupe topologique complet et V0 ((X)) = {y = (vn )n∈ZZ, vn X = 0, ∀n ≤ −1} est un sous k-espace vectoriel fermé de V ((X)). Posons pour a = λj X j ∈ Λ = k[[X]] et y = j≥0 (vn )n∈ZZ ∈ V0 ((X)), a·y = ((a·y)n)n∈ZZ où (a·y)n = 0 si n ≤ −1 et (a·y)n = X λp vq p+q=n si n ≥ 0. On vérifie aussitôt que V0 ((X)) est un Λ-module; de plus |a · y| = |a| |y|. Considérons pour m ∈ ZZ et y ∈ V0 ((X)), X m · y = (wn )n∈ZZ ∈ V ((X)) où wn = 0 si n < m et wn = vn−m si n ≥ m; on a ord(X m · y) = ν(X m ) + ord(y) = m + ord(y). Alors si y = (vn )n∈ZZ ∈ V ((X)) avec ord(y) = n0 , posant y0 = (wn )n∈ZZ où wn = 0 si n ≤ −1 et wn = vn0 +n , si n ≥ 0, on obtient y = X n0 · y0 avec y0 ∈ V0 ((X)). On définit donc sur V ((X)) une structure de k((X))-espace vectoriel en posant, pour a = X m0 a0 , a0 ∈ Λ, y = X n0 ·y0 ∈ V ((X)), y0 ∈ V0 ((X)), a·y = X m0 +n0 ·(a0·y0). De plus |a · y| = |a| |y|; c’est-à-dire V ((X)) est un k((X))-espace de Banach. Soit y = (vn )n∈ZZ ∈ V ((X)) d’ordre ord(y) = n0 on a y = m X (δnq vq )n∈ZZ + ym où q=n0 ym =X (wn )n∈ZZ, wn = 0 si n ≤ m et wn = vn si n ≥ m + 1. On a |ym | ≤ |X|m+1 et y= (δnq vq )n∈ZZ. Identifiant v ∈ V à j(v) = (δ0n v)n∈ZZ, on voit que (δnq vq )n∈ZZ = q≥n0 X · vq , d’où y = q X X q · vq , ce qui justifie l’écriture V ((X)). On a : q≥n0 Théorème 1 : Soit E un k((X))−espace de Banach ultramétrique. Il existe un sous-k-espace vectoriel discret V de E tel que les k((X))-espaces de Banach E et V ((X)) sont isomorphes En fait (E, ||| |||) s’identifie à (V ((X)), | |); E0 à V0 ((X)) = V [[X]] et E1 à X · V [[X]]. 244 1.2 B. Diarra Produits tensoriels topologiques. Applications linéaires continues Rappelons que si E et F sont deux K-espaces de Banach ultramétriques, alors b leur produit tensoriel topologique E ⊗F est le complété du produit tensoriel E ⊗ F max kxi k kyi k . Soient k k et k k1 muni de la norme tensorielle kzk = P Inf x1 ⊗yi =z i deux normes équivalentes sur E (resp. F ). Les normes tensorielles k k et k k1 correspondantes sur E ⊗ F sont équivalentes et donnent le même espace complété b ; leurs prolongements à E ⊗F b sont équivalentes. E ⊗F Théorème 2 : Soient E et F deux k((X))-espaces de Banach ultramétriques. Soit V (resp. W ) un sous-k-espace vectoriel discret de E ( resp. F ) tel que (E, ||| |||) [resp.(F, ||| |||)] s’identifie à V ((X)) [resp.W ((X))]. b Alors E ⊗F est isomorphe à (V ⊗k W )((X)). Démonstration : Soit (ejX )j∈J une base du k-espace vectoriel V . Tout x ∈ E λj ej , λj ∈ k((X)), lim λj = 0, avec |||x||| = Sup |λj |; s’écrit de façon unique x = j j∈J j∈J c’est-à-dire (ej )j∈J est une base orthonormale de (E, ||| |||). Soit (f` )`∈L une k-base de W . Alors (ej ⊗ f` )(j,`)∈J×L est une base orthonormale b de l’espace de Banach E ⊗F muni de la norme produit tensoriel des ||| ||| (cf. [4]). Ainsi (ej ⊗ f` )(j,`)∈J×L est k((X))-libre et donc k-libre. On en déduit aussitôt que (ej ⊗ f` )(j,`)∈J×L est une k-base de V ⊗k W ; de plus V ⊗k W est un sous-k-espace b . vectoriel discret de E ⊗F X b , on a z = λj` ej ⊗ f` , λj` ∈ k((X)), lim λj` = 0 avec |||z||| = Soit z ∈ E ⊗F j,` j,` Sup |λj` |. Ainsi pour tout > 0, il existe N fini, N ⊂ J × L tel que j,` |||z − X λj` ej ⊗ f` ||| ≤ . Posons n = min ν(λj` ); pour tout (j, `) ∈ (j,`) ∈ N N , on a λj` = X X (j,`)∈N X αj` (n)X n , avec αj` (n) ∈ k. D’où z = n≥n αj` (n)X n ej ⊗ f` = (j,`)∈N n≥n X n≥n X n · wn où wn = X X λj` ej ⊗ f` = (j,`)∈N αj` (n)ej ⊗ f` ∈ V ⊗k W . (j,`)∈N b Il vient que E ⊗F est l’adhérence du sous-k((X))-espace vectoriel G= nX o Xn · wn , n0 ∈ ZZ, wn ∈ V ⊗k W . n≥n0 Mais (G, ||| |||) est isométriquement isomorphe à (V ⊗k W )((X)); ainsi G, complet, b . Il vient que E ⊗F b est un sous-espace fermé de E ⊗F = G est isomorphe à (V ⊗k W )((X)). Remarques sur les k((X))-algèbres de Banach. 245 Remarque 2 : b )0 = {z ∈ E ⊗F/|||z||| b (i) Le k[[X]]-module (E ⊗F ≤ 1} s’identifie à (V ⊗k W )[[X]]. (ii) Posons Λ = k[[X]]. Le Λ-module produit tensoriel E0 ⊗Λ F0 s’identifie à un b )0 d’adhérence E0 ⊗Λ F0 égale à (E ⊗F b )0 . sous-Λ-module de (E ⊗F Soient E et F deux K-espaces de Banach ultramétriques. L’espace de Banach L(E, F ), formé des applications K-linéaires continues ϕ : E → F , est indépendant des normes équivalentes choisies sur E et F . Lorsque K = k((X)), identifions (E, ||| |||) à V ((X)) et (F, ||| |||) à W ((X)). Théorème 3 : Soient E et F deux k((X))-espaces de Banach ultramétriques. Alors (i) L(E, F ) est isomorphe à Homk (V, W )((X)). En particulier le dual topologique E 0 de E est isomorphe à V ∗((X)) où V ∗ est le dual de V . (ii) L’algèbre de Banach L(E) est isomorphe à l’algèbre des séries formelles de Laurent à coeffficients dans Endk (V ). |||ϕ(x)||| ∈ |K|. |||x||| x6=0 Supposons ϕ 6= 0; on a |||ϕ||| = |X|n0 , n0 ∈ ZZ. Puisque V ⊂ E 0 , on a pour tout v ∈ X V, |||ϕ(v)||| ≤ |||ϕ||| |||v||| ≤ |X|n0 , donc ϕ(v) ∈ X n0 · F0 = { X n · wn , wn ∈ W } Considérons ϕ ∈ L(E, F ); par définition, on a |||ϕ||| = Sup (i) n≥n0 X et ϕ(v) = X n · ϕn (v) avec ϕn (v) ∈ W, n ≥ n0. Puisque ϕ est k((X))-linéaire, n≥n0 les applications ϕ : V → W sont k-linéaires. X X n X m · vm ∈ E; on a ϕ(x) = X m · ϕ(vm ) = Soit x = = X m≥m0 X · m m≥m0 X X ·ϕn (vm ) = n n≥n0 X n≥n0 +m0 m≥m0 X · n X ϕp (vq ) ( on pose ϕn = 0 si n < n0 ). p+q=n Il vient que ϕ est uniquement déterminé par la famille (ϕn )n≥n0 ⊂ Homk (V, W ). X D’où l’isomorphisme d’espaces de Banach ϕ → X n · ϕn = ϕe de L(E, F ) sur n≥n0 Homk (V, W ) ((X)). (ii) Soit G un troisième espace de Banach avec (G, ||| |||) = U((X)). Considérons ϕ : E → F et ψX: F → G deux applications linéaires continues. Pour tout X X n n m v ∈ V on a ψ ◦ ϕ(v) = X · ψ(ϕm (v)) = X · X · ψm (ϕn (v)) = = X X · n≥n0 +m0 X n≥n0 +m0 X n Xn · n≥n0 n≥n0 ψp ◦ ϕq (v). Ainsi, il correspond à ψ ◦ ϕ ∈ L(E, G) l’élément p+q=n X p+q=n m≥m0 ψp ◦ ϕq de Homk (V, U)((X)). 246 B. Diarra X En particulier si E = F = G; ϕ, ψ ∈ L(E), l’application ϕ → n≥n0 X de L(E) dans Endk (V )((X)) est telle que ψg ◦ϕ= X n · ϕn = ϕe Xn · n≥n0 +m0 X e ψp ◦ ϕq = ψe · ϕ, p+q=n ce dernier terme étant le produit de Cauchy de ψe et ϕe dans Endk (V )((X)). N.B. (i) 1eE = X X n · δ0n 1V . n≥0 (ii) Endk (V ) s’identifie à une sous-k-algèbre de L(E). Corollaire 1 : Soit ϕ ∈ L(E); |||ϕ||| = |X|n0 , n0 ∈ ZZ d’image ϕe = X X n · ϕn n≥n0 dans Endk (V )((X)). Alors ϕ est un automorphisme de E tel que |||ϕ−1 ||| = |X|−n0 si et seulement si ϕn0 est un automorphisme de V . En particulier, ϕ est un automorphisme isométrique de E si et seulement si ϕ0 est un automorphisme de V . Corollaire 2 : Soient ϕ : E → F et ψ : E1 → F1 deux morphismes de k((X))espaces de Banach. X X b → E1 ⊗F b 1 s’identifie à Alors ϕ⊗ψ : E ⊗F Xn · ϕp ⊗ψq ; c’est-à-dire, pour n ≥ n0 + m0, on a (ϕ ⊗ ψ)n = X n≥n0 +m0 p+q=n ϕp ⊗ ψ q . p+q=n 2 k((X))−Algbres de Banach Soit A une algèbre de Banach unitaire ultramétrique sur le corps de valuation discrète complet K. Soit pour a ∈ A, |||a||| = Inf{|π|n /kak ≤ |π|n, n ∈ ZZ} où π est une uniformisante de K et k k la norme initiale de A. On vérifie aussitôt que ||| ||| satisfait à |||a b||| ≤ |||a||| |||b||| et |||e||| = 1, e l’unité de A. Ainsi A0 = {a ∈ A/|||a||| ≤ 1} est une Λ-algèbre où Λ est l’anneau de valuation de K; A1 = {a ∈ A/|||a||| < 1} = πA0 est un idéal bilatère de A0 et A0/A1 est une kb → A la multiplication algèbre unitaire ( k le corps résiduel de K). Soit m : A⊗A de A, on a |||m||| = 1. Dans le cas où K = k((X)), l’espace de Banach (A, ||| |||) s’identifie à (R((X)), | |) où R est un sous-k-espace vectoriel discret de A isomorphe à A0/A 1 . Alors identifiant X b A⊗A à (R ⊗k R)((X)), la multiplication de A s’écrit m = X n · µn où µn : n≥0 R est k-linéaire. L’unité de A est donnée par l’application k((X))R ⊗k R → X X n n linéaire ` = X · `n : k((X)) → R((X)); c’est-à-dire e = `(1) = X · `n (1) où n≥0 `n : k → R est k-linéaire. n≥0 Remarques sur les k((X))-algèbres de Banach. Théorème 4 : 247 Soit A une k((X))-algèbre de Banach ultramétrique unitaire. (i) Il existe un sous-k-espace vectoriel R de A tel que X A est isomorphe à l’algèbre X n · µn et d’unité définie de Banach unitaire R((X)) de multiplication m = par ` = n≥0 X X · `n où µn : R ⊗k R → R, n ≥ 0 et `n : k → R, n ≥ 0, sont n n≥0 k-linéaires. C’est-à-dire : X (1) µp ◦ (µq ⊗ 1R ) = p+q=n X (2) X µp ◦ (1R ⊗ µq ), n ≥ 0 p+q=n X µp ◦ (`q ⊗ 1R ) = δ0n · 1R = p+q=n µp ◦ (1R ⊗ `q ), n ≥ 0 p+q=n En particulier, R est une k-algèbre unitaire, de multiplication µ0 et d’unité e0 = `0 (1). (ii) Réciproquement, si R est une k-algèbre unitaire de multiplication µ0 et d’unité e0 = `0 (1) et si µn : R ⊗k R → R, `n : k → R, n ≥ 0, sont des applications k-linéaires qui vérifient (1) et (2); alors R((X)) devient une k((X))-algèbre X de Banach unitaire de multiplication m = X n · µn et d’unité `(1) = e où `= X n≥0 X n · `n . n≥0 b → A et ` : k((X)) → A de la En effet, les morphismes de structure m : A⊗A k((X))-algèbre de Banach unitaire A sont tels que kmk = 1, k`k = 1; m◦(m⊗1A) = m ◦ (1A ⊗ m) et m ◦ (` ⊗ 1A ) = 1A = m ◦ (1A ⊗ `). Ainsi, identifiant A à R((X)), on a X m ◦ (m ⊗ 1A ) = 1R ) = X X n · µn ◦ n≥0 Xn · X X X q · µq ⊗ q≥0 X s≥0 X X n · µn ◦ n≥0 µp ◦ (µq ⊗ 1R ) = m ◦ (1A ⊗ m) = p+q=n n≥0 X s · δ0s 1R = X n≥0 Xn · X X X q · (µq ⊗ q≥0 µp ◦ (1R ⊗ µq ); p+q=n d’où (1). On vérifie de la même manière (2) . RemarquonsX que l’on peut choisir R de telle sorte que l’unité de A est dans R; c’est-à-dire ` = X n · δ0n `0 . n≥0 N.B. Le X relations (1) et (2) sont équivalentes respectivement à : ∀a, b, c ∈ R, X (1’) µp (µq (a ⊗ b) ⊗ c) = µp (a ⊗ µq (b ⊗ c)), n ≥ 0 p+q=n (2’) X p+q=n p+q=n µp (`q (1) ⊗ a) = δ0n · a = X µp (a ⊗ `q (1)), n ≥ 0 p+q=n En particulier pour n = 1 et posant a · b = µ0 (a ⊗ b) la multiplication de la k-algèbre R, on a µ1 (a ⊗ b) · c + µ1 ((a ⊗ b) ⊗ c) = a · µ1 (b ⊗ c) + µ1 (a ⊗ (b · c)) ou encore a · µ1 (b ⊗ c) − µ1 ((a · b) ⊗ c) + µ1 (a ⊗ (b · c)) − µ1 (a ⊗ b) · c = 0, c’est-à-dire µ1 est un 2-cocycle de la k-algèbre R. 248 B. Diarra Remarque 3 : Soit (ej )j∈I une base orthogonale du k((X))-espace de Banach X sous-jacent à l’algèbre de Banach A : tout a ∈ A s’écrit de façon unique a = aj ej , aj ∈ k((X)), lim |aj | = 0, |||a||| = Sup |aj |. On a m(ei ⊗ ej ) = X j j∈I j∈I a`ij e` , |||m(ei ⊗ ej )||| = Sup |a`ij | ≤ 1, i, j ∈ I. Posons R = `∈I `∈I R ⊕ A1. La multiplication m = X M k · ej , on a A0 = j∈I X n · µn de A est telle que les µn = R ⊗k R → R n≥0 sont uniquement déterminées par µn (ei ⊗ ej ) = {` ∈ I/α`ij (n) 6= 0} étant fini; et l’on a a`ij = X X α`ij (n)e` , α`ij (n) ∈ k, Jij (n) = `∈I α`ij (n)X n . n≥0 Rappelons que (R, µ0 , `0 ) étant une k-algèbre unitaire, la donnée d’applications k-linéaires µn : R ⊗k R → R; `n : k → R, n ≥ 1, qui satisfont aux relations (1’) et (2’) définit ce que l’on appelle une déformation de l’algèbre R (cf. [3]). On peut donc énoncer : Corollaire 1 : La catégorie des k((X))-algèbres de Banach ultramétriques unitaires (les morphismes étant les homomorphismes d’algèbres de Banach de norme ≤ 1) est en correspondance bijective avec la catégorie des déformations des k-algèbres unitaires. Corollaire 2 : Le sous-k-espace vectoriel R de A isomorphe à A0/A1 est une sous-k-algèbre unitaire de A si et seulement si A s’identifie à l’algèbre des séries formelles de Laurent à coefficients dans R. X n En effet, on a m = X · µn , µn : R ⊗k R → R, n ≥ 0 . Alors R est n≥0 une X sous-k-algèbre de A si et seulement si, pour tous a, b, c ∈ R, m(a ⊗ b) = X n · µn (a ⊗ b) ∈ R; c’est-à-dire m(a ⊗ b) = µ0 (a ⊗ b) et µn (a ⊗ b) = 0, n ≥ 1, n≥0 ou encore m = X n≥0 X n · δ0n µ0 . Le même raisonnement conduit à ` = X X n · δ0n `0 . n≥0 Tout ceci équivaut à dire que A s’identifie à l’algèbre des séries formelles de Laurent à coefficients dans R. Exemples : a) Théorème 3. (ii) b) Soit Ω un espace compact totalement discontinu et soit l’algèbre de Banach C(Ω, k((X))) des fonctions continues de Ω dans k((X)). Alors C(Ω, k((X))) est isomorphe à l’algèbre des séries formelles de Laurent à coefficients dans la k-algèbre Loc(Ω, k) formée des fonctions localement constantes de Ω dans k. c) Soit G un groupe Rappelons (c.f. par exemple [2]) que l’algèbre des fonctions presque périodiques Remarques sur les k((X))-algèbres de Banach. 249 AP (G, k((X))) est l’algèbre formée des fonctions f : G → k((X)) telles que (γsf )s∈G est un compactoı̈de de l’espace des fonctions bornées, γs f(t) = f(s−1 t). Soit R(G, k) la k-algèbre formée des fonctions représentatives g : G → k, c’est-à-dire (γs g)s∈G engendre un k-espace vectoriel de dimension finie. Alors AP (G, k((X))) est isomorphe à l’algèbre des séries formelles de Laurent à coefficients dans R(G, k). En fait, pour tout ensemble Ω, toute sous-k((X))-algèbre de Banach de l’algèbre des fonctions bornées de Ω à valeurs dans k((X)) est isomorphe à une algèbre de séries de Laurent à coefficients dans une k-algèbre convenable de fonctions de Ω à valeurs dans k. N.B. : En général, les structures des algèbres A et R, bien qu’étroitement liées, ont des propriétés très différentes. Exemple 1 : 1 Considérons A = k((X q )), q ≥ 2; c’est un corps, extension finie totalement ramifiée de k((X)). Soit ν la valuation de A qui prolonge celle de k((X)). On a pour tout a ∈ A, |a| = |X|ν(a) , ν(a) ∈ 1q ZZ ∪ {+∞}. Ainsi |||a||| = |X|[ν(a)] où 1 1 [ν(a)] est la partie entière de ν(a). Il vient que A0 = k[[X q ]]; A1 = X · k[[X q ]] et A0/A1 = k[ξ] où ξ q = 0. On en déduit aussitôt que l’on peut prendre R = 1 q Posons Y = X ; si m = X q−1 M j k·X q. j=0 X n · µn est la multiplication de A, les µn : R ⊗k R → R n≥0 sont telles que : µn (Y ⊗Y j ) = 0 pour n ≥ 2, 0 ≤ i, j ≤ q −1; µ0 (Y i ⊗Y j ) = Y i+j et µ1 (Y i ⊗ Y j ) = 0 lorsque i + j ≤ q − 1; enfin µ0 (Y i ⊗ Y j ) = 0 et µ1 (Y i ⊗ Y i ) = Y i+j−q lorsque q ≤ i + j ≤ 2q − 2. i 1 En résumé, tout élément a du corps k((X q )) admet une unique écriture de la X forme a = X n · an , an ∈ R tandis que la k-algèbre (R, µ0 ) ' k[ξ], ξ q = 0, est n≥n0 une k-algèbre locale d’idéal maximal nilpotent non nul. Exemple 2 : k ∗2 . Ici k = IR ou Fq , q = pn , p premier ≥ 3; alors k ∗ /k ∗2 = {1, σ}, σ ∈ / ! σ X ; par définition B est la k((X)) Considérons l’algèbre de quaternions B = k((X))-algèbre unitaire d’unité e = e0, engendrée par les e1 et e2 satisfaisant aux relations e21 = σe0, e22 = Xe0 et e1 e2 = −e2e1 = e3. Alors (e0, e1, e2 , e3) est une base du k((X))-espace vectoriel B. Soit a = a0 e0 + 3 X j=1 aj ej ∈ B, aj ∈ k((X)); rappelons 250 B. Diarra que ae = a0e0 − 3 X aj ej , N(a) = aae. Alors N(a) = N(ae ) = a2◦ − σa21 − X(a22 − σa23); j=1 σ X k((X)) de plus N(a) = 0 si et seulement si a = 0. Ainsi B = ! est un corps, non commutatif. On définit une valeur absolue ultramétrique sur B, extension de celle de k((X)), 1 1 en posant pour a ∈ B, |a| = |N(a)| 2 . On a |e0| = 1 = |e1|; |e2| = |X| 2 = |e3|. Considérons la norme |||a||| = Inf{|X|n /|a| ≤ |X|n , n ∈ ZZ}, on a |||ej ||| = 1, 0 ≤ j ≤ 3, B0 = {a ∈ B/|||a||| ≤ 1} = {a ∈ B/|a| ≤ 1} et B1 = {a ∈ B/|||a||| < 1} = XB0 = e22B0 = e23B0 . On vérifie que (ej )0≤j≤3 est une base orthonormale de B c’està-dire ||| 3 X aj ej ||| = max |aj |. 0≤i≤3 j=0 Posons R = 3 M k · ej ; on a B0 = R ⊕ B1 et R ' B0 /B1 = j=0 3 M k · ej avec j=0 e21 = σ, e22 = 0 et e1 · e2 = −e2 · e1 = e3 . Il vient que B0 /B1 est égale à l’algèbre de quaternions dégénérée à σ 0 k ! σ 0 k ! ; en particulier la k-algèbre (R, µ0 , e0) est isomorphe . Les µn : R ⊗k R → R définissant la multiplication de B sont déterminées par les valeurs µn (ei ⊗ ej ), 0 ≤ i, j ≤ 3. On voit que µn (ei ⊗ ej ) = 0 pour n ≥ 2 et 0 ≤ i, j ≤ 3; tandis que µ0 (e0 ⊗ ej ) = ej = µ0 (ej ⊗ e0), 0 ≤ j ≤ 3; µ1 (e0 ⊗ ej ) = 0 = µ1 (ej ⊗ e0), 0 ≤ j ≤ 3; µ0 (e1 ⊗ e1 ) = σe0, µ1 (e1 ⊗ e1 ) = 0; µ0 (e1 ⊗ e2 ) = e3 = −µ0 (e2 ⊗ e1), µ1 (e1 ⊗ e2) = 0 = µ1 (e2 ⊗ e1); µ0 (e1 ⊗ e3 ) = σe2 = −µ0(e3 ⊗ e1), µ1 (e1 ⊗ e3 ) = 0 = µ1 (e3 ⊗ e1 ); µ0 (e2 ⊗ e2 ) = 0, µ1 (e2 ⊗ e2) = e0; µ0 (e2 ⊗ e3 ) = 0 = −µ0 (e3 ⊗ e2), µ1 (e2 ⊗ e3) = −e1 = −µ1 (e3 ⊗ e2 ); µ0 (e3 ⊗ e3 ) = 0, µ1 (e3 ⊗ e3) = σe0; N.B. : On a µ1 (R ⊗ R) ⊂ k[e1] et µ1 ◦ (µ1 ⊗ 1R ) = µ1 ◦ (1R ⊗ µ1 ) Remarque 4 : Tout α ∈ k((X)) se décompose en α = α◦ X δ(α)γ 2 où α◦ ∈ k ∗/k ∗2 , δ(α) = 0, 1 et γ ∈ k((X)). Soient α, β ∈ k((X)) . 1) On sait, et on peut vérifier directement, lorsque k =Fq , q = pn , p premier ≥ 3, que toute algèbre de quaternions isomorphe : α β Fq ((X)) ! = α◦ X δ(α) β◦X δ(β) Fq ((X)) ! est Remarques sur les k((X))-algèbres de Banach. 251 (i) ou bien à Mat2(Fq ((X)) = Mat2(Fq )((X)) l’algèbre des séries formelles de Laurent à coefficients dans Mat2(Fq ) X . Fq ((X)) (ii) ou bien au corps des quaternions ci-dessus B = 2) ! σ Lorsque k = IR ( ou plus généralement un corps ordonné maximal), on vérifie que toute algèbre de quaternions α β IR((X)) ! = ±X δ(α) ± X δ(β) IR((X)) ! est isomorphe à l’une des algèbres. (i) Mat2(IR)((X)), l’algèbre des séries formelles de Laurent à coefficients dans Mat2(IR). (ii) H((X)), le corps des séries formelles de Laurent à coefficients dans le corps de quaternions H = −1 −1 IR ! . ! (iii) B = −1 X IR((X)) (iv) C = −1 − X IR((X)) le corps de quaternions de l’exemple 2. ! qui est un corps . Les corps B et C sont IR-isomorphes mais ne sont pas IR((X))-isomorphes. Ces deux corps s’obtiennent par déformation de la IR-algèbre de quaternions dégénérée ! −1 0 . IR Scholie : k((X))-algèbres de Hopf ultramétiques complètes Soit (H, m, c, η, σ) une k((X))−algèbre de Hopf ultramétrique complète unitaire. En d’autres termes, H est une algèbre de Banach unitaire de multiplication m : b b H ⊗H → H; le coproduit c : H → H ⊗H est un morphisme continu d’algèbres, l’inversion η : H → H est un endomorphisme linéaire continu et la coünité σ : H → k((X)) est un morphisme continu d’algèbres. On a les axiomes de coassociativité et de coünité, et, m ◦ (η ⊗ 1H ) ◦ c = ` ◦ σ = m ◦ (1H ⊗ η) ◦ c. Supposons kck ≤ 1 ( alors c est isométrique) et kηk ≤ 1. Considérons l’identification d’espaces de Banach H =X R((X)) où R est un sous-k-espace discret de H. On a, avec les notations de I, c = X n · cn , cn : R → R ⊗k R application k-linéaire; η= X n≥0 n≥0 X · ηn , ηn : R → R application k-linéaire; σ = n X X n · σn , σn = k → R k- n≥0 linéaire. En plus des relations (1) et (2) du Théorème 4, on a 252 B. Diarra (3) X (cp ⊗ 1R ) ◦ cq = p+q=n (4) X X (1R ⊗ cp ) ◦ cq p+q=n (1R ⊗ σp) ◦ cq = δ0n 1R = p+q=n (5) X cp ◦ µq = p+q=n X X (σp ⊗ 1R ) ◦ cq pour la coünité . p+q=n (µp ⊗ µq ) ◦ (1R ⊗ τ ⊗ 1R ) ◦ (cr ⊗ cs ) pour c, un p+q+r+s=n morphisme X d’algèbres; τ (a ⊗ b) = b ⊗ aX (6) µp ◦ (ηq ⊗ 1R ) ◦ cr = `p ◦ δq = p+q+r=n pour la coassociativité. p+q=n X µp ◦ (1R ⊗ ηq ) ◦ cr pour p+q+r=n l’inversion. En particulier (R, m0, c0 , η0, σ0 ) est une k-algèbre de Hopf. On voit ainsi que la théorie des k((X))-algèbres de Hopf ultramétriques complètes unitaires de coproduit isométrique et d’inversion contractante se ramène à la théorie des déformations des k-algèbres de Hopf (cf. [5]) References [1] Y. AMICE, Les nombres p-adiques, P.U.F. 1975. [2] B. DIARRA, Algèbres de Hopf et fonctions presque périodiques ultramétriques, Rivista di Matematica Pura ed Applicata, n◦ 16 (à paraı̂tre). [3] M. GERSTENHABER, On the deformation of rings and algebras, Annals of Math. vol. 79, 1964, p. 59-103. [4] J.P. SERRE, Endomorphismes complètement continus des espaces de Banach p-adiques, I.H.E.S., Paris, n◦ 12,1962, p. 69-85. [5] S. SHNIDER, Bialgebra deformations, C.R.A.S., Paris, t. 312, Série I, 1991, p. 7-12. [6] A.C.M. Van ROOIJ, Non-archimedean functional Analysis, M. Dekker Inc. 1978 Mathématiques Pures Université Blaise Pascal (Clermont-Ferrand) Complexe Scientifique des Cézeaux F. 63117 AUBIERE Cedex e-mail : [email protected] clermont.fr