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Egypte
Muhammad Sultan
Ahla Leïla
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Ahla Leïla
Egypte
Muhammad
Sultan
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Muhammad Sultan
La musique en Egypte reste omniprésente que ce soit au quotidien ou dans l’univers de la fête.
Cette omniprésence de l’art de la musique et de la danse à travers le cinéma, la fête de village,
le cabaret, la télévision ou la radio a toujours permis l’éclosion de talents musicaux divers dans
un pays où le métier de musicien et compositeur revêt une importance primordiale.
Muhammad Sultan incarne on ne peut mieux ce foisonnement musical égyptien où musique
savante et populaire s’entremêlent constamment.
Ce compositeur connu dans l’ensemble du monde arabe s’inscrit dans la tradition de ses aînés
les plus illustres de Balagh Hamdi, Riyad Soumbati à surtout le grand Muhammad Abdel
Wahab dont il se veut le fils spirituel. Et pour cause : musicien précoce, âgé de 12 ans, alors
qu’il passait ses vacances à Alexandrie, il réussira à faire venir chez lui Muhammad Abdel
Wahab, son illustre voisin. Au summum de sa gloire, Abdel Wahab daignera s’intéresser à
l’enfant prodige et le présentera lui-même à la radio.
Muhammad Sultan, connu d’abord comme acteur puis chanteur, lentement s’imposera comme
compositeur. Un compositeur hétéroclite et attentif qui, comme son maître, s’initiera aussi bien à
la musique savante occidentale qu’orientale.
Epoux de la célèbre et défunte Fayza Ahmad, il a composé plus de mille chansons dont
certaines pour Warda. A l’affût de nouveaux talents, il découvre Amani, Nadia Mustafa ou
Hani Chaker et accède à la notoriété surtout comme compositeur de musiques de films.
Grâce à l’importance culturelle prise au Caire par la danse orientale, il compose de véritables
musiques pour les stars actuelles de la danse telles que la célèbre Mona Saïd, l’audacieuse
Dina ou la légendaire Nagua Fouad.
Tout en respectant la palette émotionnelle propre à la danse orientale (Râqs al-sharqi) ainsi
que ses règles techniques et chorégraphiques, la musique de Muhammad Sultan possède
une grande clarté. Cette clarté est l’expression d’une maîtrise de l’écriture musicale mise
entièrement au service de la danse. Leïla Haddad en faisant interpréter par un grand
orchestre une musique composée spécialement pour elle par Muhammad Sultan, au même titre
que les plus grandes danseuses égyptiennes, peut laisser s’épanouir totalement la maturité et la
créativité de son art.
Alain Weber
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De la danse orientale
Elle s’appelle Leïla Haddad. Elle est
née en Tunisie. A l’age de dix-huit
ans, elle vient en France, poursuit ses
études universitaires à Londres. Elle
prépare une maîtrise d’Anglais, arrête au
DEA, attirée en premier par le théâtre.
Hantée ensuite par une passion, la danse
orientale, elle s’y adonne totalement,
d’abord par révolte ensuite par défi. Son
défi, tenu par une technique implacable
et une volonté tenace est venu à bout
de toutes les résistances. Cette danse
qui l’habite comme une fleur secrète et
merveilleuse, n’est qu’un chant d’une
beauté subtile qui réside dans le principe de
l’insolite et qui fond dans le corps.
T. M. : Cette danse, peux-tu la définir ?
L. H. : Pour moi, elle réside dans la
possession simultanée des multiples
formes de l’émotion. La danse orientale
est une danse sophistiquée qui meut le
corps sur une musique reconnue savante. La
musique orientale ayant la sophistication
qu’on lui connaît, la danse qui est à l’image de cette musique, transforme le corps en un instrument
musical aussi riche et aussi complexe et qui échappe ingénieusement à l’apprentissage rythmique
académique qui est le 1-2-3...
T. M. : Il semblerait d’ailleurs que la musique réponde elle aussi à une autre forme d’entendement dans le «continent»
arabe; ce qui fait qu’implicitement elle - -
est reconnue pat tous. Alors qu’une filiation plus directe semble exister en Europe, entre un pays et sa propre
musique...
L. H. : L’Orient et l’Occident ont deux conceptions différentes de la danse et de la musique.
Quand je suis venue en France, je me suis rendu compte qu’il y avait deux formes de musique :
La musique classique qui était le lot des intellectuels et la musique populaire. Ceci m’a d’autant
plus frappée qu’en Orient, tout le monde écoute la musique classique arabe, du fellah (paysan) qui
ne sait ni lire ni écrire, aux gens qui ont accès à la culture. Je ne comprenais pas cette dichotomie.
En Occident par contre, il y a les danses et les musiques par générations et qui ne se mélangent
surtout pas. Cette notion-là est étrangère à l’Orient.
T. M. : Comment expliquer l’accessibilité de la musique orientale classique à toutes les catégories sociales, à tous les âges, à tous les sexes et à des niveaux culturels très différentiés ?
L. H. : Il a été dit que ce qui rassemble le monde
arabe, ce sont la musique et la danse, même si la langue et les dialectes diffèrent. Les Orientaux vibrent tous au son de la même musique. Un corps dansant ne peut donc répondre que d’une manière riche et sophistiquée à cette musique.
T. M. : L’islam, la femme et la danse orientale ?
L. H. : Dans un pays où l’islam est extrêmement présent, la femme qu’on le veuille ou non est
puissante ; différemment qu’en Occident, car ce
n’est pas le même entendement. Dans nos pays la
danse est là, plus présente que jamais. L’Occident qui obéit à
une tradition judéo-chrétienne a «aboli» la notion du plaisir corporel, de la jouissance. En Orient,
c’est la fête du corps, des sons et des couleurs, c’est la fête des sens, qui sont tout le temps en
éveil, ne serait-ce que par les odeurs d’encens, d’épices... L’islam, qu’a-t-il interdit ? Il a interdit
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d’extérioriser, c’est à dire de mettre tout cela
sur un lieu public.
T. M. : Beaucoup de «préjugés» pèsent
sur la danse orientale, est il possible d’en
délimiter les causes ?
L. H. : J’aimerais répondre par une autre
question : l’Occidental qui regardait ces
danses et qui a rapporté maints récits à forte
connotation péjorative, de quelle société
venait-il ? Celui qui voyageait en Orient venait
d’une Europe extrêmement puritaine, où
montrer le pied était considéré comme
aphrodisiaque, c’était le summum de la luxure, de la
vulgarité ou de l’érotisme. Ces Occidentaux qui
débarquent donc en Orient, découvrant ces
femmes qui allaient de maisons en
maisons
pour
gagner
leur
vie,
découvrent tout à la fois : l’Orient, ses
senteurs, ses encens, ses couleurs et des
habitudes forcément différentes des leurs, et
des danses où l’on utilise énormément le bassin,
le buste et les épaules... Ces signes étaient
considérés comme menant à la débauche, car
l’Occident percevait ces parties corporelles
comme symbole sexuel, condamnable par la religion. «Bouger le bassin» signifiait pour eux
bouger une partie dite «honteuse». On n’avait donc pas besoin d’exagérer ou de ne pas exagérer,
le fait même qu’on dansait cette danse était considéré comme un appel à la sexualité.
Extrait d’un entretien de Leïla Haddad avec Thilda Moubayed dans Dansons Magasine.
(Remerciements à Dansons Magazine qui à consacré le n° 11 d’Avril 1993 à la danse orientale )
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Muhammad Sultan
Music is ever-present in Egypt, whether it be in daily life or in times of festivities. Because music and dance is omnipresent in movies, village
fairs, cabarets, television and radio, new talents are constantly being revealed in this country where being a professional musician and composer is
highly regarded.
Muhammad Sultan is a perfect example of the exuberance of Egyptian music which is characterised by a constant interweaving of popular and
classical music.
This composer is known throughout the Arab world and follows the traditions of his illustrious elders, Balagh Hamdi, Riyad Soumbati and,
especially, the great Muhammad Abdel Wahab, who he claims as spiritual father. Muhammad Sultan was a precocious musician. When he
was 12 years old and vacationing in Alexandria, he managed to invite his illustrious neighbour Muhammad Abdel Wahab, who was at his
apogee at the time. Abdel Wahab took an interest in the prodigal child and presented him on radio.
Muhammad Sultan, first known as an actor, then singer, gradually emerged as a composer. Like his master, he studied both western and oriental
classical music, making him a multi-faceted and attentive composer.
He married the famous Fayza Ahmad, since deceased, and composed more than one thousand songs, some of which for Warda. He was open
to new talents, and discovered Amani, Nadia Mustafa and Hani Chaker. He became notorious as a composer of film scores.
Oriental dance took on a significant cultural role in Cairo, providing a platform for his full compositions elaborated for the current dance stars,
such as the famous Mona Saïd, the audacious Dina or the legendary Nagua Fouad.
While respecting the emotional spectrum specific to oriental dance (Râqs al-sharqi) and the technical and choreographic codes, Muhammad
Sultan’s music remains extremely limpid. This limpidity reflects the extreme mastery in musical composition for dance. Leïla Haddad, called on a
full orchestra to interpret the music composed for her by Muhammad Sultan. As one of the greatest Egyptian dancers, she can let the maturity
and creativity of this art come into full bloom.
Alain Weber
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Oriental dance
Her name is Leïla Haddad. She was born in
Tunisia. At eighteen she moved to France, then
continued her university studies in London. She
started a master in English but interrupted her
studies, attracted at first by theater. She then
became haunted by a passion, oriental dance, to
which she fully devoted herself, first in rebellion,
then in defiance. Her relentless technique and
strong will overpowered all barriers. Dance inhabits
her like a secret and wonderful flower, is but a
beautifully subtle song that lies in the unusual that melts in
the body.
T.M. Can you define this dance?
L.H. For me, it consists in feeling multiple emotions
simultaneously. Oriental dance is a sophisticated
dance that moves the body to a known classical
music. Oriental music is known for its sophistication.
Oriental dance is in the image of this music and
transforms the body into a musical instrument that is
just as rich and complex, and ingeniously escapes
the academic rhythm of 1-2-3...
T.M. It seems that the music answers to a another form of understanding
across the Arab world; meaning that it is recognised by all. In comparison, in
Europe, there seems to be a more direct link, between a country and its own
specific music...
L.H. The Orient and the West have two totally different concepts concerning dance and music.
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When I came to France, I learned that
there are two forms of music: Classical
music, that is listened to by intellectuals,
and popular music. This was especially surprising to me since in the Orient,
everyone listens to classical Arab music,
from the fellah (peasant) who doesn’t know
how to read or write, to those of greater
culture. I didn’t understand this separation. In the West, dances and music go by
generation, and there is no mixing from one
generation to the next. This notion is also
unknown in the Orient.
T.M. How do you explain that classical
Oriental music is accessible to all social
categories, all ages, men and women alike
and very different levels of culture?
L.H. It is said that what brings people
together in the Arab world are music and
dance, even if the languages and dialects
are different. Orientals also vibrate with
the sound of the same music. A dancing
body can only answer to this music in a
rich and sophisticated way.
T.M. Islam, women and oriental dance?
L.H. In a country where Islam is highly present, women, whether you like it or not, are powerful;
in a different way than in the West, because it is not the same understanding. In our countries,
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dance is there, more present than ever. In the West, which follows the Judeo-Christian traditions, the notion of bodily pleasure, joy, has been abolished. The Orient is a festival of the
body, of sounds and colors, the festival of the senses that are always stimulated, by smells of
incense, spices... What did Islam abolish? Islam does not allow to flaunt, that is, to put all
this in the public.
T.M. There are many prejudices against Oriental dance. Can we pinpoint
the cause?
L.H. I would like to answer with another question:
From what society did the westerner come, who
saw these dances and brought back numerous
accounts having strongly pejorative connotations?
The westerners who travelled to the Orient came
from an extremely puritan Europe, where to show
a foot was considered as aphrodisiac, the epitome
of lewdness, vulgarity and eroticism. These westerners who landed in the Orient, saw these women
who would go from house to house to earn a living.
They discovered all at once: the Orient, the smells,
incense, colors and very different customs from
their own, and dances where the hips, bust and
shoulders are the main component... These were
considered as signs leading to debauchery, because the Western world saw these parts of the body
as sex symbols, that were condemned by religion.
To them, to move the hips was to move a part of the
body that was considered as shameful. There was
no need for exaggeration, the form of dance in itself
was considered as a sexual invitation.
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La danseuse brune
Je suis cette bédouine vêtue à ma manière
De dunes, de palmiers, d’espaces faits de lumières;
Que je monte un sommet, que je tombe en enfer
Que s’abatte sur moi tout le poids de la terre,
Par ma danse et par elle seule, sans trouble et
sans colère,
Je bougerai les forces, les forces printanières,
Les fleurs de l’enfance, le sang des cavalières,
Car mon désert est chaud et ma terre altière
Et mon soleil est haut et m’irradie entière.
T. Moubayed
The dark-haired dancer
I am that Bedouin clothed/wearing in my own way
the dunes, the palm trees, space made of light;
Whether I climb to a summit, or I fall into Hell
Whether the entire weight of the earth comes down on me,
By my dancing, and by that alone, without trouble and without anger,
I will wake the forces, the forces of springtime,
The flowers of youth, the blood of horsemen,
Because my desert is hot and my land proud
And my sun is high and radiates all round me.
T. Moubayed
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